La PICAPICA (16 août)

 PICAPICA 2019
Une aventure aussi brutale que belle.
Cette « course » si on peut l’appeler comme ça, se fera vite un nom tellement le terrain de jeu est
technique et vertical !
A l’inscription on a conscience que le ratio distance / dénivelé est élevé, mais les pierriers la rende
100 fois plus compliquée qu’elle n’y parait déjà.
Le rendez-vous est donné à Auzat le Jeudi après-midi pour le retrait des dossards et le traditionnel
briefing. En arrivant au village on est frappé par le calme autour de la course. Le grand boom aura
bien lieu pour le marathon mais je ne le verrai pas car je serai déjà perché là-haut depuis 24h.
Au briefing on sent que la sécurité est le maître mot de la direction de course, surtout depuis la 1ère
édition qui s’est vue écourtée à cause de la météo. Ils insistent bien sur le caractère montagnard de
la course. Il faut donc l’aborder avec le même degré d’exigence que pour partir en rando solitaire. On
sera vite seul en haut vu le caractère intimiste de la course avec 186 partants. Bonne nouvelle, la
fenêtre météo est parfaite, on nous permet donc d’alléger le sac du pantalon de pluie et de la
doudoune, mais j’emmènerai quand même cette dernière avec moi.
Pas de grande star au briefing, je croise un traileur que j’ai rencontré à Paris dans les escaliers de
Montmartre lors d’un déplacement pro. C’est un habitué des courses Andorranes (Ronda del Cims
notamment), mais là il appréhende un peu (il abandonnera d’ailleurs au 2nd passage à Soulcem)…
Je passe le repas d’avant course à l’auberge du Montcalm, avec un menu spécialement concocté
pour la course. Excellent, tout comme la bière !
Dodo au camping dans ma tente, pas vraiment idéal comme nuit d’avant course mais le sommeil
était quand même là, surtout que pour une fois pas besoin de se lever à 3h du mat’, le départ étant
donné à 8h.
Au petit matin, le ciel est tout bleu, le spectacle des sommets entourant Auzat est grandiose,
vivement que l’on soit là-haut ! Au petit-déj je check une dernière fois le sac, je me pose une
dernière fois cette question bête si je prends mes bâtons ou pas… MDR ! En effet j’ai fait toute ma
prépa sans et j’avais tendance à me sentir mieux dans les montées. Seulement avec 11500D+ et Dau
programme je me suis laissé persuader qu’ils allaient être de bons alliés.
Direction l’arche de départ avec mon sac rempli à craquer (au sens propre du terme, la fermeture de
la poche principale n’ayant pas survécu…). Contrôle du mathos, OK. Petit moment de stress car au
moindre oubli c’est la disqualification directe. Je me demande encore comment font certains pour
partir avec des sacs de 5L. Je sais que j’ai tendance à emmener trop de bouffe… Mais rien qu’avec les
fringues c’était une valise minimum qu’il fallait avoir ! Enfin s’ils sont reçus au contrôle technique
c’est qu’ils doivent mieux s’organiser que moi…
Le départ est donné, ça part tranquille mais ça court quand même. En même temps on est 90% à se
dire que ces quelques km d’approche pour monter à la Pique d’Endron seront les seuls que l’on
pourra courir… Une spectatrice nous crie : « A Dimanche !!! » !!! Elle était dans le vrai …

Je monte vers Endron sur un rythme soutenu mais je ne me mets pas dans le rouge. Je suis avec une
Néerlandaise qui imprime le rythme. Les derniers 500m sont assez raides, mais j’arrive en haut assez
frais. Il faisait déjà un peu chaud dans la vallée, là on est bien à 2400m ! Je prends le temps de
manger un peu puis je descends vers Izourt. Je laisse certains me doubler dans la descente que je fais
sur un rythme tranquille. Je ne veux pas me flinguer les quadris dès le 15ème km ! Pourtant j’aurais dû
un peu plus en profiter car c’était quasiment la seule descente ou l’on pouvait courir de la course !!!
J’arrive à la cabane du très beau lac d’Izourt dans une bonne ambiance ! Le public est monté
jusqu’ici ! Je m’attaque au ravitaillement, et là je m’attable carrément ! Je sais que la prochaine
portion est longue et donc inconsciemment je ma « gave » ! En plus il est aux alentours de midi ! Et là
patatrac, dans la longue mais régulière montée vers le port de l’abeille, je cale… mes forces me
quittent, le mal au crâne me guette, il fait chaud dans cette vallée ! Je fais donc plusieurs pauses, je
prends un doliprane. Pendant ce temps-là des cortèges de traileurs filent vers le prochain ravito. De
plus je me rends compte que j’ai très mal aux épaules. Je m’attaque au réglage du sac. En effet c’est
la première fois que je le charge autant, et le poids et intégralement reporté sur le haut du dos. Je
règles les deux sangles, ça va mieux. Je franchis le Port de l’Abeille et l’air de l’Andorre me redonne
des forces, surtout on recapte un peu de réseau. Au petit check point au pied du col de Tristagne, le
bénévole me dit que je suis dans les 130. J’éclate de rire car je viens de lire Jean-Louis sur le
WhatsApp des Taras (mon club de course à pied pour les non-Taras ) qui écrivait que j’étais passé à
Endron dans les 50 1ers. Je me suis vraiment effondré…
Le ravito du refuge Fourcat est en vue ! Ce coin est vraiment magnifique avec ce très beau lac au pied
du refuge. Je mange moins qu’à Izourt, cette fois je vais gérer avec ce que j’ai dans le sac… Mais je
mange quand même du riz au lait qui est le bienvenu ! Je fais une pause strap sous les pieds pour
commencer à contenir les échauffements liés aux descentes très raides. Vivement la base vie que je
NOK tout ça ! Une seule ascension nous sépare de Soulcem, le Malcaras. Je n’ai jamais vu une pente
aussi élevée… M’enfin ça passe plutôt bien, et la vue sur l’étang Fourcat au sommet est vraiment
magnifique, bien aidé par le temps très clair qui nous accompagne !

Picapica 1

Ils nous avaient promis un paquet de lac, on est servis !!! La descente vers Soulcem est quant à elle
imbuvable. On est constamment entrain de glisser sur le gyspet, cette herbe raide et piquante qui
glisse sous les appuis. Je me retrouve sur le dos 4 ou 5 fois durant la descente… J’avoue un peu râler
sur la fin. Mais la base vie est en vue et finalement je suis presque dans les temps que je m’étais fixé.
Je me pose une bonne heure, c’est que ça passe vite ! Nok sous les pieds, soupe… Lorsque je reverrai
Soulcem demain matin, j’aurai traversé tout le morceau Andorran ! Je suis bien motivé car j’adore les
nuits en montagne ! C’est si spécial et on a si peu l’occasion de le faire !

Picapica 2

Aller c’est parti pour un Kilomètre Vertical pour rejoindre Arcalis. Le coucher de soleil à + de 2000m
est tout simplement magnifique. A la tombée de la nuit, je mets l’ipod en marche. Je n’avais jamais
pris la musique en montagne jusqu’à présent mais je m’étais dit que pour la nuit ça m’aiderait à
garder le rythme car on peut vite tomber dans une fausse allure vu qu’on ne voit plus vers ou on va
et qu’on peut être vite seul…
La nuit se passe comme dans un rêve (de traileur bien sûr, avec de belles montées, de belles
descentes mais j’ai l’impression d’être sur le bon rythme…). Les crêtes Andorannes sont bien ventées
et le ressenti en température descend au fil de la nuit, mais quel spectacle grandiose que de voir
cette pleine lune se refléter dans les innombrables lacs et éclairer les sommets environnants. Les
couleurs sont encore plus minérales, plus lunaires que jamais…
Ainsi j’arrive à la Cabane Crouts, dernier Ravito avant la seconde base vie. Vu mon super état de
forme je me dis que je fais un ravitaillement express et je repars à l’assaut de ce +1000 qui me sépare
d’une pause bien méritée. Seulement je m’arrête un peu plus longtemps histoire de crémer les pieds,
et la fatigue s’empare de moi, normal à 3h15 du mat’… Je me couche donc contre une tente militaire
couvert d’un plaid qu’une bénévole me prête. Et là patatrac, je vomis au réveil après 30min de
dodo… Je suis transit de froid. Une bénévole que je connais bien me donne un café qui me fait du
bien, mais le mal est fait, je repars à toute petite foulée, l’énergie s’en est allée. Un calvaire
commence pour gravir le pic de la Soucarrane et sa descente, ou finalement je mettrai plus de 4h
que ce que j’avais prévu… Même la vue du lever de Soleil au sommet ne ravive pas la flamme qui
m’a habitée toute la nuit…

Picapica 3

En arrivant à Soulcem 2, on se dit avec un compagnon de descente que l’on peut continuer ensemble
pour essayer de passer au mieux les 3000. Mais ma lenteur légendaire pour manger me retient à
l’abri de la tente pendant que le collègue repart 1/2h avant moi. Je profite d’un dernier bisou de ma
fille et part à l’attaque du Montcalm par le mythique col du Rieuffret. Un bon petit 1300D+ m’attend
alors qu’on en a déjà 7500 dans les jambes… Mais quelle magie cette vallée sauvage. La dernière
partie pour aller au col traverse un grand névé et se termine par un grand pierrier ou l’on recule plus
que l’on avance… Arrivé au col, je discute avec des bénévoles pour me renseigner sur les
conséquences de ne réaliser que 3 passages sur 4 au sommet des 3000 afin de rallier le dernier check
point avant la barrière horaire et ainsi pouvoir terminer le parcours. Je leur propose la mise en place
d’une pénalité mais ce n’est pas d’actualité. Le dernier 3000 étant un morceau d’au moins 2h30 à
réaliser dans des éboulis verticaux (selon les dires) je décide d’en rester là et de faire la descente
pour rejoindre Artigues en temps et en heure. En arrivant je leur rends mon dossard, et là j’apprends
qu’ils veulent bien me laisser rallier l’arrivée mais par le parcours de repli, alors que je suis encore
dans les temps de la barrière horaire pour terminer le parcours par son tracé originel. Je leur fait part
de mon incompréhension mais rien n’y fait. Je rentre donc clopin clopant sur ce tracé bitumineux et
passe la ligne d’arrivée sous les applaudissements que je m’empresse de faire cesser pour qu’ils les
réservent aux véritables finishers.
L’aventure se termine par une belle discussion avec le président de l’asso ou je lui fais part de
quelques idées pour l’année prochaine, notamment concernant les barrières horaires.
En tout cas quel beau parcours, sauvage, perché et au combien technique. Cette course va se faire sa
propre réputation sans trop tarder.
Pour ma part je suis néanmoins satisfait de ce que j’ai réalisé (95km et 9500D+) mais un sentiment
d’inachevé reste quand même ancré en moi…

Damien

 Picapica 4

Au sommet du Montcalm, j’ai fais dodo dans la tente juste derrière juste après cette photo, 10min
salvatrice.

Picapica 5

La pique d’Estat

Picapica 6

Le Montcalm

Picapica 7

Le sommet de la pique d’Estat