Trail la SaintéLyon par Nicom
Salut à tous,
Petit retour en arrière, au mois de mai, nous nous retrouvons en famille, c'est l'anniv de mon beau-frère (Gégé) et pour son cadeau, encore une idée à la "con" me vient. Je lui dis donc : "tu fais quoi le 3 décembre ?"
Peut-être s'attendait-il à un match de rugby (lui le supporter de l'ASM !!!) mais non ce sera une virée nocturne entre St Etienne et Lyon !!! Il me demande quelques jours de réflexion, sa réponse sera "Oui allez on fait !!!"
Arrivée à Lyon le vendredi soir, je passe la porte de l'aéroport, le temps est pourri : pluie, froid... c'est un peu la "douche froide" en arrivant !!!
La journée du samedi se passe tranquillement (la météo est toujours aussi moche...), on ne fait rien de spécial, repos et calme !!!
Vers 19h, un pote de Gégé débarque ("Nelson", c'est son surnom), on sera 3 dans cette aventure.
On mange tranquille puis on se prépare, on opte pour un équipement complet hivernal : casquette ou bonnet, frontale (bien sûr, merci encore Benji, ta frontale est top !!!), tour de cou, 3 épaisseurs, gants, cuissard...
On arrive en voiture vers 21h30/22h sur St Etienne, on se met au chaud au Parc des expos, nous nous plaçons dans la fille d'attente, les portes s'ouvrent pour aller vers la ligne de départ. Il est annoncé un départ à 23h30 par vagues toutes les 15min, on se faufile, on fait du sur place, l'attente est un peu longue (sans compter que la musique diffusée ne nous met pas la motivation, c'est RFM la radio qui est diffusée, c'est pas dingue). Je demande à Gégé s'il est content d'être là, il me dit d'attendre la fin de course, j'espère qu'il me parlera à la fin .
On vient d'apprendre que le départ est décalé car une 2 voitures gênent la zone de départ. On me dit dans l'oreillette que Charly et son équipe de gros bras sont sur le coup, ça va aller vite. C'est le 1er départ est donné, on sera dans la 2ème vague. On passe la ligne peu avant minuit.
Et c'est parti pout 78km !!! Les 1ers km sont roulants, on quitte l'agglo de St Etienne, on rentre progressivement dans la nuit noire (sans éclairage).
C'est un flux incessant de coureurs, le plus dur est de rester tous les 3, alors régulièrement, on s'appelle "Nelson", "Gégé", "Nico"... Il va nous arriver 1 seule fois où on se perd, mais un coup de tél et un grand cri et on se retrouve. On a étudié un peu le parcours, les ravitos sont tous les 15km, les 40 premiers km sont plutôt montants, les 38 derniers plutôt descendants.
On enchaine les km, Gégé a du mal à se mettre dans le rythme mais ça passe.
Au niveau des conditions météo : il fait froid entre 1 et 4°C, pluie fine sur les 2 premières heures, brouillard (parfois dense et avec la frontale, on n'y voit pas grand-chose !!!), et bien sûr de la boue, bref, un joli cocktail que certains d'entre vous adoreraient !!!
- Ce qui est très beau : le serpentin des lumières que l'on voit devant, derrière nous ou sur la colline en face
- Ce qui est très beau aussi : les paysages de nuit, non blague, pour ça, on repassera de jours (ou pas)
- Ce qui est très surprenant : le silence qui entoure les coureurs car hormis le bruit des pas, on parlait très peu entre nous, je me suis surpris à ne pas parler beaucoup c'est dire !!! Nicoach, tu ne supporterais pas. Ça donne la sensation d'une longue et lente procession religieuse (voire militaire)
- Ce qui est très surprenant : on n'a vu ou entendu beaucoup de chutes ou de bobos majeurs alors que le terrain s'y prêtait
- Ce qui est hallucinant, c'est le nombre de suiveurs que l'on trouve en bord de chemins ou de route alors qu'il est 3 ou 4h du mat' !!! un groupe de gens au fin fond d'une forêt, dans un hameau avec un feu de bois...
Vers la mi-course, j'ai trouvé le temps long, à peine 32km en 4h30 !!! J'ai commencé à ressentir de la fatigue et sur des portions de route je ressentais même l'envie de dormir !!! Ça va être très dur pour moi la fin de nuit vers 5/6h du matin... mais j'ai souvenir de l'expression de Jérôme Mel sur l'abandon et la douleur (c'est bon je préfère souffrir)
On fait bien attention à s'alimenter pendant la course et sur les ravitos, je me faisais une joie de manger des sandwichs rosette fromage ou boire de la soupe chaude !!!
On savait que le soleil se levait vers 8h, petit à petit, on aperçoit de la clarté.
On arrive sur un ravito avec la frontale, on en ressort sans l'allumer, YES c'est bon la nuit est passée !!! On retrouve des sensations même si le chemin est encore long : km55 donc il reste 23km.
Cette matinée sera presque rapide.
Lyon est en vue, mais il va rester quelques dernières difficultés dont 1 vraiment terrible, 600m à 800m de long dans une rue hyper abrupte, tout le monde marche. Par chance, à ce moment-là, on retrouve un copain à moi qui nous a prévu café, croissants et chocolatines (qu'il appelle bizarrement "pain au chocolat"). Cette petite coupure avec lui est géniale, hors du temps même.
Il reste quelques marches à descendre, traverser un pont, on retrouve de la civilisation, des gens qui se lèvent peut-être alors que nous avons passé la nuit dehors, un tour de quartier. Mon neveu et ma nièce sont là à l'arrivée à l'entrée de la Halle Tony Garnier, quelle joie de les retrouver. On passe la ligne tous les 5 en 11h06 (2225ème sur 5305 arrivés) dans l'objectif fixé !!!
Je suis inquiet, Gégé ne me parle plus, mince, il m’a fait la gueule ?
Je vois dans ces yeux des étoiles et un large sourire qui en disent longs sur la fierté d'avoir fini ensembles !!!
On est Finishers de la SaintéLyon, de cette doyenne des courses nature (68ème édition). On a bien mérité la médaille et le TS finisher !!!
Je pense que cette course restera longtemps en mémoire, l'ambiance nocturne, l'effort long, les conditions climatiques, notre course à 3, une organisation sans faille, aucune.
Je prends aussi de plus en plus de plaisir à faire du long et le partager avec des proches (même si la notion de plaisir sur un ultra est complexe à comprendre et interpréter).
Place à la récup sur ce mois de décembre avant de repartir sur un nouvel objectif pour 2023 : la Trans Aubrac 105km le 22 avril !!!
A+
Nicolas T