Trail Trans Aubrac par Nicom - 105km & 3400D+
Bonjour à tous,
Insistant ces dernières semaines, je ne m'échapperai au traditionnel CR de ma course ce WE du côtéde l'Aveyron.
Au programme de la journée de ce samedi : la Trans Aubrac 105km/3400mD+/3600mD-, sur ces terres aveyronnaises (que beaucoup d'entre nous connaissent bien, je vais essayer de faire précis sur les localités traversées). Sur la même épreuve, il y a 75km, 50km, 13km et le 105km en relais à 4.
Je vais courir avec Fred, mon pote, avec qui je partage déjà beaucoup de courses
Le départ est donné à 6h du matin dans l'enceinte du château de Bertholène, nous sommes 500 au départ + 150 équipes. Il y a une très belle ambiance, une pointe d'émotion nous traverse, un feu d'artifice est tiré voir là : https://fb.watch/k6gP0JjD2p/.
Notre objectif premier est de finir et dans un délai espéré de 15h à 16h qui apparaissait raisonnable, du moins au départ.
Petit coup de stress quand même au départ pour Fred, qui perd le bouchon de sa pipette de poche à eau. Il doit trouver une solution qui éviter qu'elle ne se vide trop. Il vide un peu et laisse le tuyau le plus haut possible sur son épaule. Heureusement, on a un pote qui tient un magasin de sport à Laguiole qui va le dépanner (mais quand on passera à Laguiole 52km )
On part plutôt tranquillement prudemment, les 1ers km permettent d'étirer le peloton. On retrouve Stéphane Pirolley d'Endurance Shop Muret avec qui on fait quelques km, il l'a fait l'an dernier, connait donc le parcours et nous renseigne pour la suite. Nous apprendrons par la suite qui a abandonné dès le 22km à St Côme, sur blessure, il traine un problème au genou.
Le jour se lève rapidement, on éteint la frontale. On en aura surement besoin ce soir mais le moins longtemps possible.
Tout se passe bien jusqu'à ce 1er ravito de St Côme (la traversée du village est magnifique, il y a beaucoup de monde, c'est génial), la parcours n'est pas encore trop exigeant, les conditions météo sont bonnes, peu de vent, T° fraiche mais supportables. J'ai même le sentiment qu'on est sur un faux rythme (que je ne regretterai pas par la suite).
On recharge un peu nos réserves d'eau. C'est à partir de là qu'on va attaquer la phase d'ascension vers Laguiole, le prochain ravito. On va rentrer progressivement dans des paysages d'Aubrac (ce qu'on attend).
De nombreux "coups de cul" s'offrent à nous, on les passe plutôt bien, seul bémol, je glisse dans une descente et tombe sur mon genou gauche, petite frayeur, contrôle du genou mais c'est bon, rien de méchant, on continue.
Au passage de l'abbaye de Bonneval km32, on retrouve là aussi beaucoup de monde, presque digne du Tourmalet.
Km 41, nouveau pointage, remplissage d'eau et passage express aux services de secours pour "nettoyer" mon genou. Tout va bien.
La prochaine étape sera donc Laguiole. L'ascension entre ces 2 villages sera longue, les conditions météo commencent à changer, la pluie, le froid commencent. J'enfile le coupe-vent que j'avais rapidement enlevé au départ.
Arrivée à Laguiole km52 enfin au bout de 8h de course. Passage express pour récupérer la poche à eau au magasin, puis direction le ravito où l'on va retrouver nos femmes Sandie et Marie qui nous attendent. Elles viennent d'arriver de Toulouse. Ça fait du bien de les voir, elles arrivent avec leurs sourires et leurs motivations qui font du bien après ces longs derniers km. Un joli ravito local, soupe, saucisson, fouace, gâteau à la broche, on ne manque de rien, c'est top !!! Fred décide de se changer, pour ma part, je suis un peu mouillé mais je reste dans la même tenue, les conditions météo doivent s'aggraver dans l'après-midi, je garde mon change, on verra plus tard.
On repart de là, les batteries rechargées, le moral au plus haut.
Passage insolite dans la boutique au milieu de clients et dans l'atelier d'une fabrique de couteau, c'est très sympa et on retrouve rapidement nos chemins qui vont monter pendant un bout de temps vers la station de ski.
Pour les fins gourmets, passage derrière le resto de Bras, mince, pas de ravito prévu là, dommage !!!
Ça y est la pluie annoncée fait bel et bien son apparition, l'Aubrac, retrouve un peu son climat hivernal. Elle va se densifier à l'approche de la station et se maintenir pendant plusieurs heures. L'altitude fait aussi son travail et le froid arrive (je pense qu'on n'était pas loin de 0°C au plus haut du parcours). Les conditions se tendent, on garde le moral et avançons à bonne allure, on court dès qu'on peut c'est à dire, sur du plat ou en descente, ça permet de nous réchauffer aussi.
Heureusement, le paysage est vraiment beau, on vient aussi pour ça, on traverse des pâturages magnifiques (les troupeaux de vaches ne sont pas encore dans les estives), c'est ça aussi l'Aubrac !!!
On voit régulièrement aussi les filles qui nous suivent et qui elles aussi bravent les éléments pour nous retrouver. Je peux déjà vous le dire mais elles ont été incroyables !!!
Sur cette 2ème partie, on a un peu moins préparé le tracé et sommes un peu largués par les km, l'emplacement des ravitos, des points de contrôle...
On aperçoit alors "Royal Aubrac", puis arrivons dans un buron. Manquant de lucidité, on demande aux bénévoles "on est où là ?" leur réponse "au ravito du buron des Baouls".
Ah OK, c'est ce fameux ravito que tout le monde parle. Le ravito est gargantuesque, il y a 20m de table remplis de gâteaux en tout genre, c'est dingue, on est donc au km76 après plus de 13h de course. Les filles sont là, cool !!!
L'ambiance dans ce buron est très particulière. On arrive complètement lessiver, frigorifier. De nombreux traileurs sont comme nous, il y a aussi beaucoup de secouristes et bénévoles présents qui prennent de nos nouvelles. On s'aperçoit que beaucoup de gens vont abandonner là. Les bénévoles annoncent les départs des navettes pour un retour vers l'arrivée. De notre côté, on alterne entre continuer ou en rester là.
On va rester 30/45min dans ce buron, les filles nous réconfortent, nous entourent, en toute bienveillance, attentionnées.
On fait le point de notre état, physiquement, on va bien, moralement ça tient à peu près, mais on a bien conscience qu'il reste plus de 30km avant l'arrivée que le nuit va arriver et que la pluie et toujours là !!!
On regarde aussi ce qu'il nous reste comme vêtements secs, c'est bon, on peut se changer. Ca va être notre élément déclencheur, on continue !!!
Je vais donc procéder à un changement complet (oui oui complet ) de ma tenue et même enfilé les 2 vestes coupe-vent l'une sur l'autre.
On repart revigorer et prêt à en découdre ce trail !!!
Pour info, près de 90 coureurs vont abandonner rien que sur ce ravito !!!
La pluie se calme petit à petit et va s'arrêter à la tombée de la nuit.
Vers 21h, on retrouve les filles qui vont nous donner les frontales. Manque de chance, la mienne ne s'allume plus (elle a dû rester allumer dans mon sac ce matin, erreur de débutant), heureusement Fred a été plus prévoyant que moi et en a une 2ème. Ouf, on repart.
Ma montre va s'arrêter au bout de 16h et celle de Fred 1 ou 2h après, on n'aura plus beaucoup de repères km. Ces derniers km sont interminables.
On sait après le point de contrôle du km87 (cascade de Lacessat qu'on n'a pas vu), on va aborder 2/3 belles bosses qui vont encore faire mal aux cuisses. Sur cette partie nocturne, le balisage est limite, seul des petits carrés réfléchissants sont agrafés aux troncs d'arbres, il faut rester vigilant.
Les dernières descentes sont glissantes, boueuses, heureusement qu'on a des bâtons qui nous évitent de nombreuses chutes.
L'arrivée dans le village à St Geniez se fait dans des rues sombres, sans éclairage public, on espère qu'il y aura encore du monde pour nous accueillir.
Passage de la ligne à 1h30 du matin après 19h22 de course, d'effort, d'abnégation, de concentration.
"Seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin", c'est bel et bien à plusieurs (Fred, bien sûr, Sandie et Marie, évident) qu'on finit cette course aux 204 et 205 places sur 241 finissures (seulement).
La belle médaille en bois a une saveur particulière !!!
Une douche, une bière, un aligot/saucisse, un bout de fromage à 2h du mat' nous requinquent.
Bilan : une belle orga, un magnifique parcours, une course exigeante, des conditions dantesques sur une majeure partie du parcours mais quelle belle aventure !!!
Aux amoureux de boue, de paysages, de bonnes bouffes, c'est à faire !!!
Vivement la prochaine course (au soleil les filles c'est promis )
Nicolas T